#decouvertemusicale dans nos studios de répétition
Le duo colmarien Fragile Figures poursuit son parcours musical avec un second album. Après un EP et un premier opus, ils dévoilent en février 2025 "See the Charcoal Rats".
"Le plus important se fait ici, au Le Grillen. C’est là qu’on voit si ça fonctionne. » Car Mickaël et Julien, qui se connaissent depuis 1990, répètent tous les mercredis dans un des studios.
Fragile Figures, ce sont deux musiciens de Colmar, Mickaël Coignec (alias Mike) et Julien Schmitt (alias Judd). Après un EP et un premier album, ils ont sorti en février 2025 leur deuxième opus, See the charcoal rats. Une nouvelle exploration d’univers sombres et oppressants, enveloppés dans un style musical qu’ils appellent “cinematic noise”.
Avec See the charcoal rats, Fragile Figures propose un voyage sombre, tourmenté et tumultueux. Chacun peut se l’imaginer à sa manière, il suffit de se laisser guider par les riffs et les mélodies. Chacun peut créer son propre film à l’intérieur de son esprit, scène après séquence, morceau après morceau. Julien est à la basse, Mickaël à la guitare. Des samples (extraits sonores) et des programmations rythmiques, déclenchés par le guitariste, agrémentent les morceaux. Seuls les instruments et l’ordinateur parlent dans Fragile Figures, il n’y a pas de chant.
Le groupe, qui s’est formé en 2019, a déjà un EP (Silent scars) et un album (Anemoia) à son actif. Les musiciens ont baptisé leur style “cinematic noise”. L’assemblage de deux mots faisant référence, d’une part, à l’aspect visuel et cinématographique de leur projet. D’autre part, cette expression inscrit le groupe dans une catégorie “noise rock”, dont l’une des caractéristiques est la création de paysages sonores, même si Fragile figures ne peut se réduire à cette étiquette.
D’une grande puissance évocatrice, la musique de Fragile Figures véhicule des images. En concert, les morceaux sont accompagnés de projections vidéo, montées par Mickaël. Les artworks des albums constituent également une porte d’entrée dans l’univers du groupe. Pour See the Charcoal rats, c’est un artiste canadien, Aaron Bonogofsky (page Instagram : @october_midnight), qui a réalisé le visuel.
« Tu fais ta propre interprétation »
L’absence de chant, et donc de paroles, est une volonté. « Notre musique rentre dans la grande catégorie post-rock, qui fait la part belle aux ambiances, à la musicalité », expose Julien. « Pour le public, c’est important de s’immerger dans quelque chose sans être dirigé par des paroles et une signification. Tu fais ta propre interprétation par rapport aux images. Je pense que ça laisse une liberté à l’auditeur. Ça nous tient à cœur. » « Tu ressens les choses à ta façon », confirme Mickaël.
Les musiciens racontent-ils une histoire en filigrane, malgré tout ? « L’interprétation est libre. Mais si quelque chose est raconté, il s’agit de nos ressentis, nos vécus, nos angoisses », continue Julien. « C’est une illustration abstraite de ce qu’on est. »
Dans cet album, par rapport au précédent, l’angoisse se fait plus prégnante. « On a des accordages plus graves » explicite Mickaël. « On joue en “ré” voire en “do dièse”, de manière à avoir un son plus lourd. Ce n’était pas un choix délibéré, c’est venu naturellement. »
« Notre son n’a jamais cessé d’évoluer », complète son compère. « Tu sens des progressions de son et de finesse, ne serait-ce que sur les ajouts techniques. » Julien fait notamment référence à la pédale disto/fuzz, utilisée pour créer une distorsion du son de sa basse sur 5 des 6 morceaux de l’album. « Ça grogne dans le velours », décrit-il tout en poésie. « Elle a beaucoup contribué à apporter une nouvelle couleur », acquiesce le guitariste.
« Le plus important se fait ici, au Grillen »
« Pour composer, je fais d’abord toutes les trames à la maison », détaille Mickaël. « Ensuite, je les envoie à Julien et on les apporte en répétition. Le plus important se fait ici, au Grillen. C’est là qu’on voit si ça fonctionne. » Car Mickaël et Julien, qui se connaissent depuis mars 1990, répètent tous les mercredis dans un des studios de la salle colmarienne de musiques actuelles. La conception d’un titre ne suit pas toujours un chemin pré-défini. « On a déjà eu des surprises sur certains morceaux. “Charcoal”, par exemple, avait un autre nom. Quand j’ai transmis la première version, Judd m’a confié : “j’ai pleuré”. On adorait ce morceau ! Mais, en répétition, on n’arrivait pas à le faire sonner. Ça ne fonctionnait pas. Alors on l’a rebossé et on l’a totalement modifié. Il y a eu au moins 6 versions. Le morceau final n’a rien à voir avec ce qu’il était au départ. »
Mais “Charcoal” a tracé sa propre route. Et il est là, sous sa forme finale, morceau liminaire de l’album. Dès les premières notes, embarquement immédiat dans une rame d’un métro souterrain cauchemardesque. Les programmations par ordinateur résonnent en boucle, tels les cliquetis des roues sur les rails, tandis que la guitare, appuyée par la basse, déroule l’histoire. De cette musique émane une atmosphère angoissée, où l’auditeur, personnage principal, mène l’action et cherche des réponses. L’expression musicale d’un futur dystopique, d’un paysage de bâtiments industriels abandonnés, ou encore d‘un labyrinthe infini de sombres tunnels.
Les influences musicales de Mickaël et Julien ?
Chacun écoute un large panel d’artistes, de différents genres, mais trois grands groupes ont marqué les musiciens : The Cure, Sonic Youth et Deity Guns. Ils s’inspirent aussi beaucoup des musiques de film.
En concert, à quoi ressemble Fragile figures ?
« On est dans l’échange du son, il s’agit de faire parler nos instruments », affirme Julien. « L’enveloppe est relativement sombre, ce ne sont que des images en noir et blanc », complète Mickaël, en référence aux vidéos qui sont projetées derrière les musiciens.
Une capsule sonore, avec des paroles, ouvre “I know they’re robots”, le 5e titre de l’album. D’où vient-elle ?
Elle est tirée du film de science-fiction Westworld de Michael Crichton sorti en 1973.
La release party de l’album See the charcoal rats aura lieu le 25 avril 2025 au Noumatrouff (scène de musiques actuelles à Mulhouse). Avec les groupes The Act of Humanity et KG.
+ d’infos : page Facebook “Fragile Figures” ou Instragram @fragile_figures_band